Hello!
Je l’avais promis dans le fil de mon atelier, mais finalement, ça me semble plus judicieux de publier un post dédié sur le sujet.
Alors, en préambule, mon article a été écris en 2015, lors de ma reprise en main des pinceaux. Le but premier, n’est pas de développer un vrai tutoriel technique, mais d’en faire un « tribute » dédié à tout ceux et celle qui m’ont suivi et permis d’évoluer, la palette à la main. Tout est dit, dans ce sens dans le dernier paragraphe.
D’autre part, j’étais très influencé -et je le suis toujours- par « Le Grand Livre… » et j’ai testé beaucoup de techniques « avancée » pour la réalisation de ma figurine. Je vous renvoi donc à cette ouvrage pour le détails technique -mais vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez, j’ai tout en tête )
Assez de blabla, voilà mon making of. Enjoy
*Peindre, c’est toujours un moment privilégié. C’est le moment où je m’assois devant le bureau. Je regarde les figurines, mes pinceaux, mes tubes de peinture et mes pots d’eau. C’est ce moment très particulier, où je doute toujours de réussir quoi que ce soit, … et puis je me lance…. *
Je partage aujourd’hui mon premier tuto, sous forme de « making of », rédigé en 2015. Parce que je trouve que la peinture de figurines est un domaine passionnant, et que c’est une discipline trop méconnue, trop réduite au passe temps « pour gosse ». … bref…
*J’ai choisi de vous présenter, étape par étape la peinture d’un barbare en NMM. Ce type de figurine permet d’aborder le travail de la carnation, d’un visage, et selon les choix du sculpteur, des peaux de bête et/ou des plaques d’armure. Niveau technique, le choix du NMM va me permettre de présenter ma version de 2 types de dégradés, pour le métal et pour l’or. *
Comme modèle il s’agit d’une figurine en métal que j’ai trouvé dans la gamme Avatar of War. Le petit monsieur avec sa grosse hache m’a tapé dans l’œil. Il présente des proportions un peu exagérées niveau carrure, tout de même !
*Première étape la composition et la préparation du modèle. *
L’attitude est « péremptoire », à mon avis un peu inspirée par le Conan de Frazzeta. Le personnage dégage une impression de force et d’inflexibilité. Pour accentuer cet aspect, je vais le poster sur un rocher.
Je commence par casser une plaque d’ardoise avec un petit marteau (dit de cordonnier). Puis, je sélectionne les éclats qui semblent les plus intéressants, et je préfigure une composition. Compte tenu de l’échelle, le choix de l’ardoise est très intéressant (en fait, c’est mon medium préféré pour les textures rocheuses ou arides). En effet il permet, avec une simple technique de brossage, de simuler des rochers tout à fait crédibles.
- Mon barbare prend correctement la pose.*
Je colle l’ensemble à la colle universelle (type cyanoacrylate). Pour terminer ma composition, j’ajoute de la texture sur le socle. J’ai utilisé du mourn montain snow GW, mais un modéliste avisé pourra concasser plus finement l’ardoise et l’incorporer à une peinture acrylique pour obtenir une texture maison de la couleur de son choix.
Un passage à la bombe (ici le corax white GW) et je commence le travail de peinture.
J’ai l’habitude de commencer par un à plat général, qui va me donner une idée globale des teintes à travailler. Je passe mes à plats en deux temps. D’abord la peau, qui constitue l’essentiel de la surface à peindre.
Je dilue fortement du ton chair LB, jusqu’à obtenir une texture homogène, bien fluide et légèrement transparente. Pour mes dilutions, j’utilise de préférence de l’eau déminéralisée, additionnée d’environ 10% de flaw aid liquitex. C’est un peu anecdotique, mais je trouve que la peinture gagne en homogénéité une fois diluée. Ensuite, j’applique plusieurs couches successives, en laissant toujours bien sécher la précédente. 4 à 5 couches permettent d’avoir une uniformité et une opacité optimale. La succession de couches fine permet de conserver les détails les plus fins de la gravure, tout en donnant une opacité optimale à la peinture.
*Ensuite, je procède de la même manière (succession de couches fines bien diluées) pour l’essentiel des autres teintes de ma figurine : la chevelure avec du noir d’ivoire LB, le cuir avec de la terre de sienne naturelle, le métal avec un mélange de noir d’ivoire et de blanc titane (auquel j’ajoute un soupçon de terre d’ombre brulée, pour la profondeur), et enfin pour l’or je mélange du jaune primaire à de l’ocre jaune et un peu de bleu (la teinte se rapproche de l’ancien bubonic brown GW, qui constitue une excellente base de départ pour l’or NMM). *
Je passe ensuite un léger brossage sec de blanc titane sur les cheveux et les pièces « métalliques » de mon personnage. Cette étape est inspirée de la méthode du pré ombrage. Il m’arrive de décrire cette étape avec le terme « solarisation ». Les aplats gagnent en lisibilité pour une application zénithale de la lumière. La méthode ne fonctionnera malheureusement pas en l’état pour les échelles au dessus du 32. Comme je peints par couches transparentes successives, ce brossage me facilite le travail de pose des dégradés.
Une fois mes à plats totalement sec, j’attaque les ombrages. Je commence par la peau. Je vais faire l’ombrage en lavis successif. Pour cela je prends un peu de ma teinte de base (ici le ton chair LB) que je dilue jusqu’à obtenir un lavis fluide. Ensuite, j’ajoute progressivement, goutte à goutte, du reikland fleshshade GW puis de l’agrax earthshade GW. J’obtiens ainsi une succession de lavis de plus en plus foncés. J’utilise cette méthode sur les grandes tailles, la succession des lavis permettant un dégradé très fin. Les premières couches permettent de marquer les volumes, en assombrissant progressivement mon lavis, je réduis la surface d’application dans les creux pour faire gagner de la profondeur à mon ombrage.
Inconvénient, la méthode lavis successif prends énormément de temps. Il faut veiller à ce que le premier lavis soit TOTALEMENT SEC avant d’appliquer le lavis suivant. Le séchage peut être accéléré avec un sèche cheveux, mais gare à ne pas « pousser » le lavis avec le souffle de l’appareil. SI le lavis n’est pas parfaitement sec, ils se mélangeront, au risque d’obtenir une teinte bâtarde et de voir apparaitre des auréoles disgracieuses et difficiles à rattraper.
Pour du 30, l’utilisation de la méthode des lavis successifs n’est pas indispensable, mais vu que je vais devoir utiliser la même technique pour le NMM, je pense gagner en cohérence sur le rendu final.
Je passe ensuite aux éclaircissements de la peau. Pour commencer je dilue du ton chair – ma couche de base- pour avoir une peinture légèrement transparente. J’en passe deux couches de façon à réaliser un dégradé par transparence. Je corrige ainsi les « débordements » de lavis. Puis j’ajoute une pointe de blanc titane pour éclaircir la teinte et ajouter de la lumière à ma carnation.
L’ajout de blanc dans les teintes de carnation est très important. En effet la peau humaine –quel que soit sa couleur- à tendance à « briller ». Une pointe de blanc dans les derniers éclaircissements donne un aspect plus réaliste à peinture.
Par comparaison, à gauche une figurine avec un ombrage « simple » et à droite notre ami le Barbare. Les éclaircissements sont les mêmes pour les deux figurines. Les transitions de l’ombre sont plus fluides à droite. Un travail au pinceau un peu plus poussé sur la figurine de gauche permet de « niveler » la brutalité de la transition entre ombrage et éclaircissement.
Maintenant que mon Barbare a bon teint, je vais détailler les cuirs. Je ravive les lanières avec de la terre de sienne naturel, elles avaient été un peu affadies par les lavis de la carnation. Je peints également les petites bourses à l’ocre jaune, et je détaille les « médaillons » couleur os (avec de l’ocre jaune mélangé à du blanc titane). Je passe ensuite un lavis de seraphim sepia GW, et j’éclaircis les sangles en mélangeant progressivement la terre de sienne avec du ton chair.
*Passons maintenant au métal. Je reprends ma teinte de base avec un gris plus soutenu. Une petite pointe de marron permettra d’intensifier l’ombre dans les creux. Je dilue ma teinte jusqu’à avoir un lavis. Je passe deux couches de mon lavis en assombrissant avec du nuln oil GW. Avant de passer à l’éclaircissement, je dépose le nuln oil pur dans les creux les plus profonds pour accentuer l’effet. (Je pouvais aussi choisir d’accentuer la profondeur avec un zeste de marron, mais, la nuln oil permet de garder une certaine froideur, l’utilisation de l’agrax earthshade pouvait donc convenir en donnant un caractère un peu plus chaud à la peinture du métal, mais il sera plus adapté pour une figurine portant des fourrures). *
Comme ça, mon ombrage est assez progressif.
*Pour les éclaircissements, c’est assez simple, il suffit d’ajouter du blanc, plutôt franchement, afin d’obtenir des seuils marqués. En effet, les métaux rendent des contrastes assez violents sous l’effet de la lumière. On peut donc obtenir un rendu satisfaisant avec un minimum de couches. Je dessine donc de reflets avec mes teintes successives. Ce travail est très intéressant sur les lames. *
Pour la touche finale, quelques points de blanc pur sur les arrêtes donnent un peu plus de « brillance » à l’ensemble. Je retouche plus tard certaine transitions avec un lavis « différentiel » (c’est-à-dire avec un lavis d’une clarté intermédiaire entre deux teintes de gris que j’ai utilisées pour réaliser les reflets du métal)
Je passe ensuite à l’or. Une couche délicate d’agrax earthshade sur mon mélange à base d’ocre jaune me permet de donner de la profondeur rapidement et efficacement. Là encore, s’agissant d’un effet NMM, les contrastes de lumière vont être assez radicaux. Je détaille donc les volumes à la pointe du pinceau avec du jaune d’azo Amsterdam très dilué (c’est un jaune légèrement orangé, proche du jaune de cadmium ou de l’averland sunset GW), en deux couches. Le rendu est assez froid, là encore, compte tenu de la couche de base qui tend vers le marron. Je repasse ensuite les arrêtes avec de jaune verdâtre Amsterdam, et j’affine le reflet avec un dernière couche de jaune primaire très dé saturé avec du blanc. Arrivé là, je ne trouve pas ma mise en lumière assez convainquant. J’ajoute des points de blanc de titane comme ultime éclaircissement.
Il ne me reste plus que les détails. Je vais faire les gemmes des bracelets en rouge et celles de l’amulette, de l’épée et de la hache en vert.
Je connais la méthode peinture des gemmes depuis plus de 20 ans, et c’est toujours mon moment préféré. Je trouve que c’est un des meilleurs effets à réaliser en peinture, et c’est toujours aussi gratifiant une fois terminé.
Sur une base noire, je peints environ les ¾ inférieurs en rouge, en décrivant un arc de cercle, puis j’ajoute un éclat orange, puis un jaune pour simuler la lumière qui traverse la pierre. L’effet peut être réalisé de façon « classique » par superposition des couches ou en travaillant les teintes dans le frais, afin de fusionner le dégradé. Un point blanc déposé dans la zone laissée en noir permet de simuler un reflet. Et voilà deux énormes rubis !
Je procède de la même façon pour mes autres gemmes vertes.
*Pour les cheveux, j’ai passé un lavis de nuln oil puis un lavis de drakenholf nightshade sur le noir que j’ai pré ombré. Je mélange ensuite avec du blanc une de mes teintes maison que j’appelle « gris de pierre », et je détaille les mèches en essayant de dessiner des reflets cohérents. *
C’est le moment idéal pour donner un regard à mon sujet.
Pour finir, le socle. Je passe mon « gris de pierre » sur l’ardoise et de l’ocre jaune sur la texture et le bord du socle. Je me contente de brosser à sec et intensément l’ardoise avec du blanc. Pour la terre, je passe successivement un lavis de seraphim sepia GW, puis un brossage sec d’ocre jaune mélangé à du blanc.
Pour l’étape finale, une couche fine de vernis satiné et quelques brins de flocage. Et voilà, terminé !
A ce jour, c’est probablement l’une des plus belles figurines de ma collection à cette échelle (30). Je suis content de ne m’en être pas trop mal sorti avec le NMM (que je n’ai pas pratiqué depuis 10 ans !!!).
Toutes les techniques, méthodes et astuces que j’ai utilisées sont à la porté de tous les peintres en herbe, moyennant un peu patience et de persévérance. J’ai réalisé la composition de départ en une heure ou deux, et il faut compter une bonne journée pour la réalisation de la peinture.
Niveau matériel j’ai utilisé essentiellement un liner en 0, poils sinthétiques.
Pour finir, des remerciements. Merci à mes principales sources d’inspiration, Mike McVEY, j’ai tellement appris à mes débuts grâce à lui, merci à Julien CASSES, Jérémie BONAMANT TEBOUL et Martin GRANDBARBE, leurs travail m’a permis d’évoluer au-delà de ce que je pouvais imaginer – et ce n’est pas fini,je pense-, et enfin merci à Guy B. et Claude D. –si le bon dieu à des pinceaux, il sera bien inspiré de te les confier- sans qui je n’aurais probablement jamais mis la main sur un pinceau.