Vous l’attendiez, le voici, le nouvel épisode de mes Mémoires Figurinistiques!
Nous l’intitulerons sobrement:
Episode 5: cassage de bouche
Bien entendu, nous n’avons jamais fini de peindre ne serait-ce qu’un nain complet de cette boite du Col au Crâne; les grappes attendent toujours et j’ai une boite remplie de bouts à moitié peints. Le quoi? Le soclage? Ah oui, le truc vert dégueu qu’on colle beaucoup sur les doigts et un peu sur le socle? Désolé, ça faisait un moment qu’on ne l’avait pas vu par ici.
Fort de ma boite de Descent et de la faramineuse collection de figurines dont je disposais (Descent +2 fascicules Seigneur des Anneaux et quelques Mithril, dont un drrrrragon! D’ailleurs il y avait 2 dragons dans Descent! 2!), je me sens pousser des ailes et ressors mes vieux pots Prince August pour compléter mon maigre panel de peintures Citadel (dont celles des fascicules, oui les pots merdiques, que je suis arrivé à ne pas faire sécher).
Je sens que rien ne peut m’arrêter et que le Golden Demon (que je confond bien sûr avec le showcase Eavy Metal et ce qu’on voit couramment dans le White Dwarf) commence à être un peu moins lointain.
D’autant que je n’ai pas lâché l’idée de relancer une campagne D&D et invite régulièrement des potes pour bosser leur fiche de perso, un par un pour que personne ne soit perdu. Devant leurs jets de dés de tirage de caracs catastrophiques, j’autorise un best of 7, puis 8, sous peine de les voir affronter des rats sauvages toute la campagne. Bien sûr, un des joueurs sort des 20 natifs sur quasiment tout, sous mes yeux ébahis (sous ma supervision, avec mes dés). Bien sûr, c’est le Gros Bill qui nettoie à chaque partie la map dans Descent. C’est aussi lui qui compulse les règles les mains pleines de chips et de pizza.
Mais bon, au fur et à mesure, on commence à avoir un panel de persos sympas et fun à incarner pour eux: un barde avec un kazoo (il doit faire les chants irl), une hybride nain/elfe (l’intégriste en moi a dû céder devant l’obstination de la copine d’un pote), un salopard doué partout, un nain guerrier alcoolique, un gars qui n’a pas fini de lire les règles parce qu’il veut aller à son rythme…
Tiens d’ailleurs, visiblement il a l’air plus intéressé par la peinture sur figs que les règles, le coco.
Pas grave! me dis-je naïvement, on va peindre un elfe viteuf et on repart sur la campagne.
Il a drôlement apprécié et est revenu une autre fois finir son garde du Gondor.
Entre temps, un autre pote, par l’odeur alléché, est venu apprendre à peindre (mes techniques de PRO!) et est reparti avec un elfe peint par ses soins façon soldat napoléonien.
Entre temps, j’ai zieuté un destockage de figurines Confrontation à vil prix. Et craqué.
Donc le pote du garde du Gondor est revenu avec dans son sac des blisters Avatars of War: « ouais tiens j’avais acheté ça quand je voulais apprendre à peindre »
« Wolala c’est de toute beauté! Tiens ba attends regarde ce que j’ai pris en solde! », je lui réponds en lui montrant mon carton blindé. « C’est ce que je vais peindre aujourd’hui! Alors attends, je vais faire… elle! »
Pour info, ça.
Pendant qu’il barbouille avec entrain son garde, j’entreprends avec un grand sourire d’assembler une des plus belles figurines qu’il m’ait été donné de manipuler. Ah, c’est petit en fait. Ah j’ai paumé un bout sous la table. Ah, le metal si on frotte juste un peu la sous-couche se barre. Mon sourire se fige puis s’évanouit au fur et à mesure que mes super techniques se révèlent inefficaces sur un sujet de cette finesse. Mes pinceaux ressemblent plus à des brosses qu’autre chose, certes.
Après une longue lutte, les yeux plissés, les veines du front gonflées d’agacement (ce fameux V que les gens qui me connaissent apprennent à redouter), je finis par obtenir quelque chose de potable avec l’armure. Reste à bosser sur la peau. Tiens c’est pas tout à fait comme dans les bouquins; où je suis supposé mettre la couleur plus clair bon sang?
« Si si tu vas voir je vais lui faire un cul d’enfer! »
« Heu je veux pas dire mais là on dirait que tu y vas à l’envers: t’avais un truc cool et t’es en train de le pourrir. »
« Mais si tu vas voir! »
Ah ça pour voir, il a vu.
(bon en vrai c’était un poil moins dégueu, j’ai juste pris une photo à contre-jour sans fond)
Pas dégouté, il m’a quand même donné ses Avatars of War (que j’ai quand même ratés, mais bien plus tard).
Vous pouvez vous gausser, je l’ai depuis décapée, cassée au passage, recollée, repeinte et re-foirée. (mais ça, ça sera au prochain épisode)
Devant une telle dissonance cognitive entre mes capacités supposées et la pratique, entre le boxart et l’étron fumant que je venais de sortir, j’ai rangé mes pinceaux mes peintures mes figurines (et celles de mon pote) dans le carton dans lequel à l’époque tout tenait, et ce pour quelques années.
La trahison que je me suis infligé à moi-même et à cette pauvre elfette continue encore de me hanter.
En parlant de dragons et de trahison:
j’avais aussi voulu reprendre le dragon Mithril que j’avais commencé 10 ans avant, et comme j’avais collé la queue de traviole je l’ai coupée à la scie à métaux, puis l’ai tigée pour la recoller bien. C’est là que la vrille a cassé dedans. Seum veine carton bis repetita.
Au prochain épisode: des dragons! du shade! (ouais je me la joue George R.R. Martin à annoncer des trucs pour finalement les mettre à l’opus d’après) une remontada! un changement de paradigme! des trucs foirés quand même!